Rouen: enquête sur les vrais risques industriels

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Rouen: enquête sur les vrais risques industriels

Nouveau messagede Fireserge33 » 26 Mar 2013, 12:12

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Rouen: enquête sur les vrais risques industriels

Manuel Sanson, à Rouen, publié le 26/03/2013, mis à jour à 11:16

L'agglomération rouennaise accueille de très nombreux sites industriels dangereux sur lesquels l'information demeure lacunaire. Deux mois après l'accident de l'usine Lubrizol, à l'origine de la dissémination d'un immense nuage de gaz malodorant, L'Express fait le point.
L'agglomération rouennaise compte 19 sites industriels correspondant à la directive Seveso, dont 12 classés "seuil haut".
ph.guignard/air-images.net

Mardi 22 janvier, en pleine nuit, les Rouennais se réveillent inquiets: une odeur nauséabonde envahit leurs habitations: l'usine Lubrizol, la plus proche du centre-ville, fait des siennes. Plusieurs gaz malodorants et nocifs -de la famille des mercaptans- se sont dissipés dans l'atmosphère, conséquence d'une réaction chimique incontrôlée.

Lire le dossier complet dans l'édition régionale "Rouen.
Les vrais risques industriels" en kiosque mercredi 27 mars.


Plus de peur que de mal, selon la préfecture. De manière brutale, les habitants de l'agglomération ont néanmoins redécouvert l'évidence: des sites industriels à hauts risques jalonnent leur territoire. Au total, on en dénombre 19 relevant de la directive Seveso, autrement dit présentant des risques industriels majeurs, dont 12 sont classés "seuil haut", le niveau maximal dans l'échelle de danger. "Nous sommes dans le trio de tête des villes à risque, avec Lyon et Le Havre", constate Lionel Estel, directeur du département maîtrise des risques industriels à l'Insa de Rouen, grande école d'ingénieurs de la région.




Dès que l'on quitte la rive droite de la Seine, on s'enfonce au coeur d'une zone industrielle particulièrement dense. Ici, des "monstres" de ferraille s'élèvent à quelques encablures d'habitations, laissant échapper d'épaisses volutes de fumée. Lubrizol, GPN, Rubis Terminal, Petroplus... les enseignes se succèdent. Les risques s'enchaînent. Et une chape de plomb recouvre le tout. "Les responsables politiques évoquent peu le sujet, de peur de donner une mauvaise image du territoire et d'inquiéter les gens", affirme Claude Barbay, expert en risque industriel et membre de ­l'association Haute-Normandie nature environnement (HNNE).

Les langues ne se délient pas facilement. Notamment à la direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal), le service de l'Etat chargé des risques technologiques. Celle-ci a refusé toutes nos demandes d'entretien. Tout comme le préfet de Seine-Maritime, qui, sollicité à de multiples reprises, n'a pas souhaité aller plus loin qu'un échange par mail, décroché à l'arraché. Du côté des industriels, difficile, également, d'obtenir des informations. La plupart ont répondu très tardivement aux sollicitations. Certains, comme GPN, filiale du groupe Total, ont décliné toutes les demandes de L'Express. Pourquoi un tel mutisme? "Beaucoup gardent un peu la culture du secret", reconnaît Jean-Philippe Laillé, directeur de Rubis Terminal. Ce responsable de quatre sites rouennais de stockage classés Seveso "seuil haut" plaide la transparence. On en est encore loin...

Il faut dire que la pétrochimie reste un secteur stratégique pour l'économie locale. "Une richesse rouennaise", selon Yvon Robert, maire (PS) de Rouen. Ses représentants sont d'ailleurs très influents. Le président du Grand Port maritime de Rouen (GPMR) -place forte de l'économie régionale- n'est autre que... le PDG de Lubrizol France, Frédéric Henry, également vice-président chargé de l'industrie à la chambre de commerce et d'industrie. A eux seuls, les sites Seveso "seuil haut" emploient plus de 1 500 salariés directs.

Implications foncières et financières
Conséquence: les élus locaux évitent de froisser une industrie certes à risque, mais pourvoyeuse de ressources. "Nous en avons besoin pour notre développement", souligne Frédéric Sanchez, président (PS) de la communauté d'agglomération de Rouen-Elbeuf-­Austreberthe (Crea) et maire du Petit-Quevilly. Quitte à fermer les yeux sur les questions de sécurité? "Nous intégrons déjà les préconisations des plans de prévision des risques technologiques [PPRT] dans notre développement urbain", se défend l'élu. Pas question, en revanche, d'aller jusqu'à envisager la fermeture de ces usines dangereuses. "Les socialistes sont dans la posture politique, juge ­Gilbert Renard, maire (UMP) de Bois-Guillaume - Bihorel et chef de file de la (maigre) opposition au conseil d'agglomération. Depuis 2009, nous demandons un ­moratoire sur les projets d'urbanisation pour débattre de la problématique du risque industriel."

Aujourd'hui, aucun des quatre PPRT de l'agglomération n'a encore été approuvé. La réglementation, en effet, ne prévoit pas de délais maximal. "Les élus locaux et les services de l'Etat ne se pressent pas", déplore Pascal Magoarou, vice-président (EELV) de la Crea. Dans leurs secteurs -en particulier, autour de la raffinerie Petroplus-, les implications foncières et financières sont importantes. Habitations privées et bâtiments à usage collectif sont en effet situés dans les périmètres d'expropriation prévus dans les PPRT. Finalement, les collectivités locales devront mettre au pot.

Incendie majeur à la raffinerie Petroplus, dispersion d'ammoniac depuis le site GPN, explosion au centre d'enfouissement Butagaz..., les scénarios catastrophe sont nombreux à être étudiés. Sans oublier les risques liés au transport des matières dangereuses: "La forêt derrière le baobab des sites Seveso", juge Claude Barbay de l'association HNNE. "Nous n'avons jamais été tant en sécurité", assure de son côté Jean-Philippe Laillé, de Rubis Terminal. Depuis la catastrophe AZF, des mesures de réduction des risques ont été prises. "Nous avons investi 10 millions d'euros depuis 2008", témoigne l'industriel. "Les pouvoirs publics doivent imposer des mesures supplémentaires", estime Thierry Foucaud, sénateur maire (PC) d'Oissel.

Les écologistes, eux, critiquent les PPRT rouennais: "On élabore des périmètres de danger sur la base de travaux qui n'ont pas encore été réalisés", dénonce Cyrille Moreau, président du groupe EELV à l'agglomération. Pour tenir leurs engagements, les industriels disposent de cinq ans à compter de la validation des plans. Et tant que les PPRT ne sont pas validés, ce délai ne court pas... "L'Etat ne veut pas être trop exigeant, de peur que ceux-ci ne délocalisent leurs activités", regrette l'élu. "La réduction du risque est prescrite selon un échéancier qui tient compte les capacités techniques et économiques de l'entreprise", indiquent, par mail, les services de l'Etat. Quant à la Dreal, elle fait ce qu'elle peut avec ses maigres moyens. Le service (90 agents) doit assurer la surveillance de 76 sites Seveso dans toute la Haute-Normandie... Difficile, dans ces conditions, de connaître la réalité de chaque usine. En septembre 2011, un compresseur a explosé chez GPN. L'accident s'est produit dans l'unité de production d'ammoniac, la plus dangereuse du site. Heureusement, sans conséquence grave. Jusqu'ici tout va bien...
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