
SEDAN (08). Il a entamé sa 43e année en tant que sapeur-pompier et sa cinquième comme poète. Guy Goffette couche tout ce qui lui traverse le cœur sur papier. Il ne pourrait d'ailleurs plus s'en passer
Avec ce nom-là , il était peut-être prédestiné à la poésie. Même si sa certitude, au départ, portait plutôt sur son boulot. Indéniablement, il l'inspire. Parce que Guy Goffette en est sûr : « Je suis né sapeur-pompier, je ne le suis pas devenu. » Contrairement à la casquette de poète qu'il a n'a enfilée que récemment. D'ailleurs, pour éviter toute confusion, il ajoute à la signature de ses textes son deuxième prénom, Jules. Il y a sa maman aussi qui écrivait quand il était petit. « J'ai relu un de ses livres il y a peu… Elle avait une belle écriture, une écriture comme on en avait en 1930. Je pense que, quelque part, elle m'a transmis cette passion-là . »
Sa plume, l'homme de 62 ans l'a trempée dans l'encre pour la première fois il y a cinq ans. Un peu par hasard sur les précieux conseils de sa compagne. « Je traversais une situation un peu compliquée. J'ai appris à ce moment-là à quel point un homme pouvait être désemparé, confie-t-il, ses yeux clairs encore brillants d'émotion. Un jour, elle m'a demandé pourquoi je ne mettrais pas ce que je ressentais sur des mots. Et je me suis mis à écrire. » Et il l'avoue, c'est devenu presque addictif. « J'ai dû en écrire pas loin de 200. »
Les faire éditer ? Il ne ferme pas la porte. Même s'il a du mal à estimer la valeur de ses poèmes. « Ecrire, ça permet de communiquer avec tout le monde. »
« Je ne reviens jamais dessus »
L'inspiration, cet enfant issu d'une famille de cinq bambins, qui n'a connu son père qu'à son retour d'Indochine alors qu'il avait déjà trois ans, il la trouve quasi dans tout, dans des choses complètement différentes. « Sur un chat, une femme qui se tenait devant un miroir et se regardait… » Dans sa vie de tous les jours, dans son métier aussi. « Dans notre profession, on doit faire abstraction de tout, on n'a pas droit à l'erreur. Mais dès que je ressens une émotion, qu'elle soit positive ou négative, je dois l'écrire, alors je la garde dans un coin de ma tête. » Et une fois la feuille noircie de toutes ces émotions, Guy Goffette la range consciencieusement au fond d'un tiroir et ne revient pas dessus. Ces textes, il ne les connaît pas, « c'est juste le besoin de les écrire et ensuite je ne reviens jamais dessus. »
Seul poème qui désobéit à la règle, celui appelé Drapeau. « Celui-là , j'y tiens tout particulièrement. » Il est sorti de son esprit en mars 2008. « Je l'ai écrit sans vouloir provoquer personne, sans idées religieuses ou quoi que ce soit derrière. Juste pour raconter mon image du drapeau tricolore. » Ce texte-là , le sapeur-pompier, en poste au centre d'incendie et de secours de Sedan depuis mars 1974, l'a même lu à la Sainte-Barbe, l'année dernière. « Un chef est venu et m'a dit : « Tu as fait pleurer des anciens « C'était le plus beau compliment qu'on pouvait me faire. »
source :l'ardennais