Le lendemain du séisme, la petite association des Pompiers humanitaires français engageait une équipe au départ de Saint-Etienne et à destination de Port-au-Prince. Nous avons retrouvé deux des quatre secouristes pour leur demander si ce scénario sanitaire était, selon eux, prévisible.
Jean-Pierre Veyrenche, hydrogéologue, était de cette mission : « On a bien vu qu'il y avait un problème d'assainissement. Il n'y a pas d'égouts et pas de latrines. Dès qu'il pleut, l'eau est contaminée par les matières fécales ».
À cette situation, il faut encore ajouter la promiscuité puisque beaucoup de gens vivent toujours entassés dans des camps de fortune.
« L'eau en bouteille n'est qu'une solution provisoire. Ca ne marche pas sur un an. L'idéal serait de construire des puits et un réseau d'eau potable ».
Le problème est que personne ne sait encore où les familles vont aller habiter puisque le plan d'urbanisme est toujours en réflexion. « Donc, c'est compliqué car cela ne sert à rien d'imaginer de belles idées techniques si les zones d'habitation ne sont pas définies par le pouvoir politique ».
Pour Jean-Pierre Veyrenche, la situation est d'autant plus terrible que ce n'est pas le désert. « Il y a des montagnes tout autour et de l'eau partout ».
Dans la même équipe, se trouvait le Dr Grégory Gachet, urgentiste au CHU de Saint-Etienne.
« C'était évident que cela allait arriver. Il suffisait de regarder tout autour, on voyait les détritus à ciel ouvert et les familles vivant tout à côté. Il aurait fallu sécuriser l'eau ».
Pour ce jeune praticien non plus l'eau en bouteille n'est pas une solution durable. « C'est vraiment dommage de ne pas avoir anticipé. Aujourd'hui il faudrait pouvoir isoler les malades, désinfecter à l'eau de javel tout ce qui a été souillé par les défections ou les vomissements, imposer le lavage des mains et une bonne hygiène alimentaire ». Sinon quoi ? « On va regarder mourir les plus faibles, c'est-à -dire, les enfants et les vieillards ».
Source : Le Progres - Yvette Granger