Prévention des risques domestiques : les sapeurs-pompiers à la manoeuvre
Branle-bas de combat hier matin dans le quartier Saint-Antoine où les sapeurs-pompiers du centre de secours principal de Bastia avaient déclenché la « générale » pour un feu d'appartement au 3e étage d'un immeuble HLM. Bâtiment dont les occupants se mettent à leur balcon pour observer ce qui est en fait... un exercice.
Les logements n'étant pas, à l'inverse des établissements recevant du public (ERP), soumis aux contrôles réguliers des commissions de sécurité, de tels exercices ont toute leur utilité. « Réalisés en partenariat avec l'office public HLM de la Haute-Corse une fois par semaine, ils nous permettent notamment de faire une reconnaissance des lieux et de tester leur accessibilité aux engins de secours mais aussi de faire passer des messages de prévention au sujet des risques d'incendies domestiques et d'intoxication au monoxyde de carbone, indique le commandant Octavien Meschini, directeur des unités territoriales du service départemental d'incendies et de secours de la Haute-Corse.
En effet, cette manoeuvre a été réalisée à la demande du préfet de la Haute-Corse afin de sensibiliser la population à ces risques d'accidents domestiques qui, accrus lors des périodes de grand froid, ont souvent des causes similaires (installations électriques ou de chauffage défectueuses, non conformes ou mal entretenues) et les mêmes conséquences à savoir l'intoxication, l'asphyxie voire le décès. L'opération d'hier s'est d'ailleurs déroulée en présence du directeur du cabinet du préfet, Denis Mauvais, du directeur du Sdis 2B, le colonel Charles Baldassari, et de celui de l'office public HLM de la Haute-Corse, Jacques Defendini.
12 intoxications au monoxyde de carbone en 2010
Cette année en Haute-Corse, douze personnes ont été intoxiquées au monoxyde de carbone soit deux fois plus qu'en 2009. L'intoxication est due à la concentration, dangereuse même à un taux faible, et à la durée du contact avec ce gaz invisible et inodore qui peut tuer en moins d'une heure ! « Les symptômes, tels que nausées et maux de tête, sont des signes d'une grande banalité d'où le caractère insidieux de cette intoxication, souligne le Dr Daniel di Giambattista, médecin chef du Sdis de Haute-Corse.
Les accidents résultent d'une « combustion incomplète soit quand l'appareil à combustion fonctionne mal ou dans de mauvaises conditions comme par exemple l'utilisation d'un groupe électrogène dans un hall. D'où l'intérêt d'être équipé d'un détecteur de monoxyde de carbone mais avant tout de faire preuve de bon sens. »
Concernant la prévention des risques d'incendies domestiques, les pompiers insistent sur l'obligation, édictée par la loi du 9 mars 2010, pour tout occupant d'appartement ou de villa de s'équiper, d'ici 5 ans d'un détecteur avertisseur autonome de fumée (DAAF).
Le constat est qu'il y a dans les habitations « un potentiel calorifique de plus en plus élevé et des équipements, notamment en matière plastique, dont la combustion peut dégager des fumées très toxiques susceptibles de provoquer une mort par asphyxie ou - et ce, même en l'espace de moins de 5 minutes -, des pathologies très graves, indique le capitaine Robert Giudicelli, chef du service prévention du Sdis 2B.
Les feux survenant la moitié du temps durant la nuit, le détecteur permet, grâce à la sonnerie qu'il émet durant 5 minutes, de prévenir les occupants de l'habitation. Mais attention aux idées reçues ! Ce petit appareil de forme circulaire, qui doit être positionné en priorité dans le couloir accédant aux chambres, « n'envoie pas d'eau ou de poudre et ne prévient pas non plus les pompiers. »
La France a, en la matière, un retard à combler car seulement 5 % des logements y sont équipés de détecteurs de fumée. « Alors que dans d'autres pays européens, fait remarquer le capitaine Giudicelli, 80 à 90 % des habitations en sont dotées ce qui a permis de réduire de moitié le nombre de morts ! »
Source : Corse Matin