
TROIS CENTS POMPIERS et six bombardiers d’eau français luttaient lundi avec leurs homologues espagnols contre le gigantesque incendie qui fait rage en Catalogne espagnole, à la frontière entre les deux pays, a annoncé le ministère de l’Intérieur.
Quatre morts
Cent pompiers supplémentaires ont été dépêchés lundi matin, en renfort des quelque 200 qui luttaient depuis dimanche contre ce gigantesque sinistre qui a ravagé 13.000 hectares en Catalogne espagnole et tué quatre personnes, dont trois Français, a-t-on précisé.
Les six bombardiers d’eau effectuant des rotations aux côtés des appareils espagnols sont deux Canadair, ainsi que deux Tracker et les deux Dash. Au total 22 appareils au total sont en action.
L’Espagne a demandé l’assistance de la France qui l’a accordée, a précisé le ministère. Cette assistance se fait dans le cadre d’une convention de coopération entre les deux pays.
Le sinistre continue de faire rage en Espagne mais est maîtrisé en France où il ne s’est pas étendu au-delà de 20 hectares.
Les pompiers des Pyrénées-Orientales maintenaient en outre une surveillance « active et permanente » sur les 20 hectares brûlés sur le versant français des Pyrénées.
« La situation reste tendue » et requiert la vigilance des pompiers « si un renversement des vents devait se produire qui pourrait ramener la tête du feu vers la frontière », a expliqué l’Intérieur.
L’orientation du vent a changé lundi. La violente tramontane de dimanche a cédé la place à un vent d’est marin, humide, venu de Méditerranée et de moindre puissance.
Selon le colonel Christian Coste, responsable des pompiers à la cellule de crise de Perpignan, les Espagnols « connaissent des difficultés pour enrayer la progression du feu vers le sud ». Lundi après-midi, les pompiers ne prévoyaient « pas de propagation ou d’évolution vers la frontière ».
La fumée visible depuis Barcelone
La fumée était visible lundi depuis Barcelone, à plus de 150 kilomètres au sud de la frontière, et une odeur de brûlé enveloppait la ville.
Seule lueur d’espoir, lundi, l’incendie ne progressait plus mais restait « hors de contrôle », a annoncé le ministre catalan de l’Intérieur.
« L’incendie est toujours actif. Le vent est moins fort et les moyens aériens ont pu entrer en action », a déclaré une porte-parole des pompiers de Catalogne qui appuyaient 500 pompiers au sol.
En revanche, des milliers d’habitants restaient confinés chez eux, côté espagnol, dans 17 villages, tandis que ceux qui ont fui étaient hébergés dans des centres d’urgence, notamment à Figueres. Selon les pompiers, le feu se trouvait lundi matin « à un ou deux kilomètres » de Figueres, à une vingtaine de kilomètres au sud de la Junquera, mais ne menaçait pas la ville.
En revanche, l’incendie a été maîtrisé dimanche soir dans le secteur de PortBou, une petite ville côté espagnol, sur la côte méditerranéenne.
C’est là que deux Français, un père et sa fille de 15 ans, avaient été tués en sautant dans la mer pour échapper aux flammes. Deux autres personnes ont été tuées : un Espagnol de 75 ans mort dimanche dans le village espagnol de Llers, près de La Junquera, d’une crise cardiaque après avoir vu sa maison entourée par les flammes, et un Français, âgé de 64 ans, qui a succombé à de très graves brûlures
Une « imprudence »
L’incendie, probablement dû « à une imprudence », peut-être un mégot jeté par négligence, selon les autorités catalanes, avait éclaté dimanche sur le territoire de la commune franco-espagnole du Perthus. Il s’est propagé très vite du côté espagnol, attisé par la tramontane soufflant à 90 kilomètres heure et par un air sec.
Les incendies de forêt et de broussailles sont particulièrement nombreux cette année en Espagne, où l’hiver a été le plus sec depuis environ 70 ans. Début juillet, un incendie a fait rage pendant plusieurs jours dans la région de Valence, dans l’est du pays, détruisant 50.000 hectares de végétation.
L’autoroute qui relie la France à l’Espagne, entre Figueres et Perpignan, fermée depuis dimanche, a pu rouvrir sur une voie, vers le nord. La ligne de TGV a également été rétablie.