
MOINS NOMBREUX, plus sollicités, parfois pour des taches subalternes, s’estimant mal aimés de l’Etat, les sapeurs-pompiers réunis de jeudi à samedi pour leur 119 e congrès à Amiens sont mécontents et comptent le dire à leur ministre de tutelle, Manuel Valls.
« On nous appelle pour transporter des malades lorsqu’il n’y a pas d’ambulances disponibles, pour réaliser des balisages de route, alors que cela revient aux policiers ou aux gendarmes sur routes, et sur les autoroutes, aux employés des sociétés concessionnaires », explique Eric Faure, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF).
Sur 248.300 pompiers français, soit 1.400 de moins qu’en 2011, 195.200 sont des sapeurs-pompiers volontaires (79 %), qui sont indemnisés pour des vacations et non salariés. Une nouvelle loi leur donne un statut juridique, les mettant à l’abri d’une directive européenne qui voulait les assimiler à des travailleurs, avec une limitation et un encadrement du temps de travail et du régime des gardes.
Les pompiers se plaignent aussi d’être écartés du prestigieux secours en montagne, car les CRS et les gendarmes spécialisés de nombreux départements refusent de promouvoir le numéro d’appel 112, qui mettrait les pompiers dans la boucle des secours.
Autre blessure d’amour propre, les pompiers, avec leurs 7.300 centres de secours maillant tout le territoire français, qui arrivent « toujours les premiers dans les catastrophes », sont pratiquement absents des structures décisionnaires pour la planification des crises, et ne participent pas à la réflexion du nouveau livre blanc sur la défense et la sécurité nationale.
« En cas de crise, nous représentons un tiers des forces (un tiers pour l’armée, un tiers pour la police-gendarmerie) mais nous avons l’impression de ne pas compter car nous ne dépendons pas de l’Etat mais des collectivités locales », s’insurge M. Faure, rappelant que l’action des pompiers est plébiscitée par plus de 90 % des Français. 57 % du financement des pompiers vient des conseils généraux et 43 % des communes.
« La sécurité des Français, ce n’est pas que l’ordre et la tranquillité publique, c’est nous aussi, et cela nous voulons le dire au ministre de l’Intérieur », ajoute-t-il.
Source: Vosges Matin