
Lionel Lucyk, pris en photo lors du prologue de la transat à la rame de 2012 à laquelle il n'avait pas pu participer. Plein d'abnégation, il était en passe de ficeler son projet plus d'un an avant l'édition 2014.© Archives Ouest-France - Béatrice Le Grand
Arrivé voici trois ans au centre de secours de Saint-Nazaire, le pompier décédé mardi était aussi très apprécié à Pornic. Il s'apprêtait à réaliser un rêve : traverser l'Atlantique à la rame.
Pour qu'il demeure auprès d'eux, ses copains du centre de secours de Saint-Nazaire ont encadré et exposé sa photo dans leur foyer, dès hier matin. Lionel Lucyk y apparaît tout sourire dans le tee-shirt rouge de l'Amicale des pompiers. « C'est très dur pour nous tous. Lionel était un élément moteur, un gros cœur qui laisse un terrible vide ». Quelques mots lâchés par un pote qui a tout de suite apprécié l'homme lorsqu'il a débarqué à Saint-Nazaire, en novembre 2009. Des visages fermés, de longs silences, des mots de réconfort ont marqué cette journée de deuil à Saint-Nazaire et à Pornic. Pompier professionnel depuis 2003, Lionel Lucyk donnait aussi des jours de volontariat au centre de secours de Pornic, tout près de chez lui.
Illustration du parcours d'un garçon engagé et fidèle dès son plus jeune âge. Né à Paimpol (Côtes-d'Armor), où son papa exerce comme gendarme, mais aussi comme plongeur, il apprend à aimer la mer en courant sur les plages et les rochers de Camaret dans le Finistère, jusqu'à l'âge de 12 ans. Il suit alors sa famille à Viry-Châtillon en région parisienne. A 18 ans, comme pour coller au sacerdoce familial, il choisit de devenir militaire. Il est affecté dans le 2e Régiment d'infanterie de Marine (Rima) et sert l'armée lors de conflits très durs dont il parlait peu, au Tchad, puis à Sarajevo. Des missions qui lui ont valu de nombreux honneurs. En 1995, Lionel Lucyk choisit de changer de cap. Il entre à la RATP dans le Groupe de protection et de sécurisation des réseaux (GPSR). C'est durant cette période qu'il devient un des titulaires de l'équipe de Rugby de l'US Métro, qui évolue alors en Fédérale 1.
Il devait ramer pour Ethan
Le besoin de servir, d'être utile autrement, le mène finalement vers une autre institution. Il devient sapeur-pompier en 2003. Après deux postes dans les Yvelines, où il passe le diplôme de plongée, il rejoint le littoral en 2009, à Saint-Nazaire. Installé à Pornic avec sa compagne et sa petite fille, il est resté passionné de sports nautiques. La voile, mais aussi l'aviron pour lequel il se prend de passion au point de se lancer un nouveau défi : traverser l'atlantique à la rame, pour une bonne cause. En 2012, il avait dû renoncer à prendre le départ de la transat Bouvet-Guyane, n'ayant pas bouclé le financement de son projet. Ce n'était que partie remise. Il s'était racheté une embarcation et préparait la future édition de cette épreuve sous le défi Ramer pour Ethan, un petit garçon autiste dont l'histoire l'avait profondément touché. « Plusieurs partenaires étaient prêts à le suivre et il devait se rendre début décembre au salon nautique avec les organisateurs », confie Cyrille, un de ses amis.
Ils seront nombreux lors de l'hommage national qui lui sera rendu, sans doute en début de semaine prochaine, au centre de secours de Saint-Nazaire. DL;
Source : Ouest-France