« Dans les quartiers à habitat social, quand les pompiers interviennent, la police est là . Elle vient car il y a des constatations à faire. Du coup, il y a une confusion des uniformes et les deux apparaissent pareil », analyse Suzanne Rosenberg, sociologue et directrice du Lerfas à Tours (Laboratoire études recherche et formation en action sociale).
En s’appuyant sur une étude qu’elle a réalisée en 2000 à Mulhouse et dont les observations ne sont pas « invalidées » aujourd’hui, Suzanne Rosenberg estime que derrière les violences commises à l’encontre des pompiers, ce sont les policiers qui sont ciblés : « Pour embêter la police, pour pouvoir l’attaquer, des jeunes mettaient le feu à des poubelles. Les pompiers servaient d’appâts. » Par conséquent, « ils souffrent par rebonds et ne comprennent pas, poursuit-elle. Ils exercent un métier dur, physique. Avant, ils avaient au moins la compensation d’être vus comme des sauveurs. Quand ils découvrent dans ces endroits-là qu’ils ne sont pas considérés comme tels, ils sont stupéfaits car c’est une remise en cause de la culture professionnelle ».
Pour la directrice du Lerfas, faire davantage connaître les missions du sapeur-pompier est l’une des clés qui permettra cette « déconstruction de cette image ». Renouer le dialogue ne peut se faire qu’à l’échelle locale. Pas par des affiches, ou des discours mais en montrant leur travail « en temps réel », et ce, grâce à l’aide de « relais » ou médiateurs entre pompiers et habitants.