
Madeleine Deloire, 41 ans, commande depuis le 1 er avril le groupement Centre de sapeurs-pompiers bas-rhinois, soit près d’un millier de personnes.
le 17/05/2011
Pour la première fois, le groupement Centre du Bas-Rhin va être dirigé par une femme.
Elle aura sous sa responsabilité quatre casernes de sapeurs-pompiers professionnels et 26 sections de volontaires.
Nommée dans ses fonctions le 1 er avril dernier, c’est ce soir que le lieutenant-colonel Madeleine Deloire, 41 ans, sera officiellement installée dans ses fonctions de commandant du groupement Centre à Strasbourg. Pour la première fois, une femme va diriger cette structure qui rayonne sur tout le territoire de la communauté urbaine de Strasbourg et a assuré l’an dernier, 28 281 interventions, soit près de la moitié de celles réalisées dans le Bas-Rhin.
Une habitude chez cette Strasbourgeoise qui, en 1992, alors qu’elle poursuivait des études de sciences économiques à l’Université de Strasbourg, s’était renseignée auprès des pompiers pour devenir sapeur-pompier professionnel. « Je cherchais à faire un métier directement utile à la population. Mais on m’a répondu : une femme pompier professionnel, ce n’est pas possible… » Tenace, la jeune femme interroge le ministère : « On m’a dit que c’était possible, que les textes existaient. »
Elle prépare le concours et est reçue avec le grade de capitaine. Elle trouve un poste à Strasbourg et gravit les échelons. Si elle n’a pas souffert de sa qualité de femme, elle reconnaît qu’au début elle a été vue comme une curiosité, « mais avec un regard plutôt bienveillant. Il y a eu deux ou trois réactions d’hostilité mais elles étaient très minoritaires. »
En 1999, lors de la départementalisation, on lui demande de créer le département de ressources humaines « en partant de rien ». Elle a vu ainsi arriver plus de candidatures de femmes. « Sans les privilégier, je ne les ai pas non plus écartées », souligne-t-elle. À formation et qualités égales, elle donnera sa chance à une femme, « à condition que celle-ci ne le fasse pas par défi, car dans ce cas elle ne tiendra pas ».
Dans son nouveau poste, la principale difficulté qu’elle ressent est « d’incarner le poste de chef et d’être à la hauteur des attentes de [ses] hommes ». Elle a « toujours fait attention de ne pas donner une fausse image » d’elle-même et considère être peut-être « plus libre dans la relation au pouvoir que les hommes ».
Dans ses nouvelles fonctions, elle veut être un « chef à l’écoute de la base » et « ne pas rester cloîtrée » dans son bureau. « S’il y a des difficultés, il faut que les gars aient suffisamment confiance pour les faire remonter librement… », dit-elle.
Deux gros dossiers l’attendent : la mixité entre pompiers professionnels et pompiers volontaires dans les casernes, et les compétences géographiques d’intervention « qui devraient être basées sur les délais d’intervention » plutôt que sur les limites communales.
Cette mère de deux enfants de 14 et 9 ans a toujours essayé d’être le plus présente possible auprès de sa famille. Elle a épousé un pompier qui comprend les obligations de son métier. C’est d’ailleurs à lui qu’elle a succédé le 1 er avril dernier…