Le « ça suffit », du patron des sapeurs-pompiers de France

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le 11.04.2010

À l'assemblée générale de l'union régionale des sapeurs-pompiers à Saint-Maurice-de-Beynost, le colonel Richard Vignon a vigoureusement dénoncé l'attitude de la gendarmerie et le rapport Ginesta

L'assemblée générale de l'union des sapeurs-pompiers de Rhône-Alpes qui se déroulait hier matin à Saint-Maurice-de-Beynost, la grosse centaine de responsables des huit unions départementales n'était pas là que pour écouter le bilan plutôt flatteur des différentes commissions.

Avec 31 000 adhérents en Rhône-Alpes (7 200 rien que pour l'Ain), la région montre une activité citée en exemple partout en France.

Les participants souhaitaient aussi entendre ce que leur président, le lieutenant-colonel Jacques Perrin, allait leur présenter, lui qui travaille au rapport « ambition volontariat ». Ils attendaient surtout avec impatience l'intervention de leur patron national, le colonel Richard Vignon. À l'issue de son discours, la standing-ovation qui l'a salué, en disait long sur le brio de ses propos. Qu'a-t-il dit Richard Vignon ? D'abord, qu'il fallait défendre les sapeurs-pompiers, que certains, par leur méconnaissance menaçaient. Avec Haïti, où 600 des 700 pompiers présents étaient des volontaires, ou la tempête dans les Landes, le colonel rappelait l'étendue du travail des soldats du feu : « Nous sommes la première armée de France, une armée que l'on ne paie que si l'on s'en sert, et qui coûte sept euros par mois et par habitant. Il y en a qui veulent nous mettre en péril. Il faut que vous m'aidiez à taper du poing sur la table. » Et de citer quelques exemples de ce que les pompiers trouvent insupportables, comme ces rapports difficiles avec les gendarmes : « Avec eux nous sommes frères d'armes… sauf en montagne. Ils veulent préserver leur pré carré, avec un cynisme écœurant… » Et de prendre l'exemple récent de la mort d'une femme dans les Vosges, qui aurait dû être évitée si les sapeurs n'avaient été volontairement écartés de l'intervention ; ou d'une leçon de morale inacceptable encaissée par un volontaire de la part des militaires après une intervention dans la Drôme. « Ce mépris et ce cynisme ne doivent rien au hasard, c'est une volonté de la gendarmerie d'écarter les pompiers pour qu'ils puissent garder leur vitrine. Il faut dire stop cela suffit… » Le rapport Ginesta, estimant que les Sdis coûtaient trop cher, a été passé à la moulinette : « On compare le budget des pompiers avec celui de la culture. Le nôtre est de 4 milliards, la culture est à 16. On veut faire travailler les pompiers en trois huit, ça veut dire que ça coûterait 800 000 heures en plus, soit 350 millions d'euros supplémentaires, alors que le projet était de faire des économies… » Le député Voisin, qui soutient ce rapport, a hoché la tête de mauvaise grâce avant d'expliquer que ce projet n'était… qu'un projet.