Le Syndicat autonome des sapeurs-pompiers professionnels du Var a engagé le rapport de forces avec la Direction départementale des services d’incendie et de secours. D.P. L'utilisation de l'article, la reproduction, la diffusion est interdite - LMRS - (c) Copyright Journal La Marseillaise
Temps de travail. Environ 150 pompiers professionnels varois ont manifesté hier à Draguignan. Un mouvement qui cristallise le malaise provoqué par la réforme de la filière sapeur-pompier professionnel.
Une manifestation regroupant 150 sapeurs-pompiers professionnels (SPP) a eu lieu hier matin à Draguignan devant la Direction départementale des services d’incendie et de secours (DDSIS) du Var. Ce rassemblement s’est tenu à l’appel du Syndicat autonome des sapeurs-pompiers professionnels qui était très largement majoritaire aux dernières élections professionnelles dans le Var. Cette mobilisation participe d’un mouvement de grève courant jusqu’au 28 février prochain. Le 27 février doit se tenir un conseil d’administration devant arrêter les modalités de mise en œuvre du décret 2013-1186 du 18 décembre 2013 relatif au temps de travail des sapeurs-pompiers professionnels.
Face-Ã -face pompiers-police
Ce sont des pompiers grévistes non réquisitionnés qui ont manifesté hier à l’occasion d’une commission technique paritaire (CTP). Pour se faire entendre, ils ont frappé sur une sculpture en inox durant toute la réunion. Ils ont également lancé des œufs sur la façade de la DDSIS ou allumé des fumigènes. Face à eux, un dispositif de police interdisait l’accès aux locaux de la DDSIS. Les forces de l’ordre ont été ensuite renforcées par l’arrivée d’une compagnie de CRS. Si le face-à -face entre pompiers et policiers a connu quelques montées en température, il n’a toutefois jamais été aussi chaud que cela a pu être le cas par le passé lors de mouvements sociaux similaires (2005). Le seul incident notable est le jet de farine qu’a subi un élu administrateur alors qu’il quittait le SDIS par l’entrée principale de la DDSIS peu de temps après la fin de la CTP.
Cette situation de tension illustre le rapport de forces existant entre les SPP et la direction du SDIS 83 dans l’application du nouveau décret limitant le temps de travail des sapeurs-pompiers professionnels à 94 gardes de 24 heures par an. Applicable depuis le 1er janvier 2014, ce texte a été modifié sur injonction de l’Union européenne saisie par le Syndicat autonome se fondant à bon droit sur une directive de 2003.
Le temps de l’exaspération
Actuellement, 589 des 936 SPP du Var sont soumis au régime des gardes de 24 heures, le plus souvent dans les centres de secours ayant une activité importante. Ces SPP effectuent 95 gardes par an. Président du Syndicat autonome du Var, Sébastien Jansem souligne que les gardes de 24 heures ne sont comptabilisées que pour 17 heures travaillées.
Il explique que les Autonomes réclament que les SPP soient redevables de 84 gardes de 24 heures par an afin que soient prises en compte toutes les heures constitutives du temps de travail. Les instances de la DDSIS ont pour leur part fait la proposition de réduire à 90 par an le nombre des gardes de 24 heures. Une offre rejetée par les Autonomes qui continuent leur mouvement social en vue du conseil d’administration du 27 février.
Un mouvement social qui semble devoir être d’autant plus robuste que la réforme de la filière SPP semble avoir créé un réel ressentiment dans les casernes. Cette réforme se traduit par un allongement du déroulement de carrière des SPP de catégories B et C. De plus, elle laisse au bon vouloir de l’employeur durant une période transitoire la possibilité de promouvoir les SPP à un grade supérieur pour mettre en adéquation leur nouveau cadre d’emploi avec la réalité des fonctions occupées parfois depuis des années. Devant passer par une négociation locale, cette mise en concordance attise les ressentiments et mobilise contre une réforme perçue comme conjuguant l’injustice avec l’humiliation. Il en résulte un climat d’exaspération qui selon les Autonomes dépasse les frontières du Var puisque plusieurs Services départementaux d’incendie et de secours connaissent des mouvements sociaux similaires.
