Trois pompiers ont été condamnés pour faux et abandon de personne vulnérable.
À la barre et en uniforme, les trois pompiers reconnaissent volontiers que ce soir-là , ils sont « sortis de la procédure ». C'était le 26 avril 2008, place des Capucins, à Bordeaux. « Il faisait chaud », précise Me Annie Berland, l'avocate des trois secouristes.
Angelo, ils le connaissaient bien. Le SDF avait fait appel aux pompiers 26 fois au cours de ce mois d'avril. De nombreux personnels soignants l'avaient décrit comme un « simulateur » prétextant des « douleurs à l'épaule dans le but de passer une nuit à l'hôpital ».
« Ils l'ont éjecté du camion »


Cette nuit-là , c'était la troisième fois que les trois pompiers intervenaient à la suite d'appels de riverains alertant sur l'état du SDF, allongé dans la rue. Les deux premières fois, un médecin avait estimé que l'état de l'homme ne justifiait pas de prise en charge.
La troisième fois, l'homme a été embarqué dans le fourgon. Mais pas en direction de l'hôpital. Le plus gradé dit : « Je l'ai sermonné. Mais comme je parlais fort, ça importunait les riverains, alors on a décidé de le prendre avec nous. » Direction Talence. Dans un bois. Hors de leur secteur. Un témoin aurait assisté à la scène. La procureur tonne : « Ils l'ont ejecté du camion. Ils l'ont caché. » Les trois pompiers expliquent : « On n'a pas réfléchi, on a fait ça comme ça. »
Mais dans les rapports à la hiérarchie du Sdis, la petite virée ne figure pas. Les trois pompiers écoperont finalement de sanctions administratives, une fois les faits découverts.
« Pas bien malin »
Pas rancunier, le SDF a dit aux policiers « ne pas en vouloir aux pompiers » et a reconnu qu'il « simulait régulièrement des malaises pour se faire emmener à l'hôpital ». Mais pour la procureur : « La personne était incapable de se protéger. Elle avait bu et les témoins accréditent qu'il s'agit d'un SDF. » Elle réclame 12 mois avec sursis pour le chef, 10 et 6 mois pour les deux autres. Pour tous les trois, une interdiction d'exercer pendant un an.
L'avocate s'étrangle : « Si on dit qu'une personne est vulnérable par nature parce qu'elle est SDF, on franchit un pas dangereux. » Elle dit que « ce qu'ils ont fait, c'est pas bien malin ». Mais selon elle, les pompiers ont « enfreint le règlement », mais « pas la loi » car « la personne ne justifiait pas des secours d'urgence ».
Un mois avec sursis pour le plus jeune, qui est pompier volontaire. Deux mois avec sursis pour les deux autres.