DYSREGULATION THERMIQUE

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DYSREGULATION THERMIQUE

Nouveau messagede Fireserge33 » 14 Fev 2013, 21:20

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A - Définitions

Hypothermie: abaissement de la température corporelle centrale au dessous de 35° Celsius.
Hyperthermie: élévation de la température corporelle centrale au dessus de 38° Celsius (synonyme courant: fièvre).


B - Notion de régulation thermique

L'homme est un homéotherme, c'est à dire qu'il maintient sa température interne dans des limites très étroites; cela résulte d'un équilibre parfait entre les gains et les pertes de chaleur.

La production de chaleur se fait par un mécanisme bien précis, le métabolisme des glucides, des protides et des lipides qui sont les trois composants principaux de notre alimentation. Il existe un métabolisme de base qui peut être considérablement augmenté dans certaines conditions.

L'évacuation de la chaleur se fait par contre par plusieurs mécanismes distincts: la radiation, la convection, la conduction et l'évaporation. En atmosphère chaude, seule l'évaporation permet d'évacuer le surplus de chaleur: il s'agit de la sueur; le principe est que l'évaporation de l'eau consomme beaucoup d'énergie, celle-ci est prise sous forme de chaleur.

Le maintien très précis de la température de notre corps à 37°C n'est valable que pour la partie centrale du corps, d'où l'intérêt de la prise de température par voie rectale. Le reste du corps, c'est à dire la tête et les 4 membres sont soumis à des variations plus importantes en fonction de la température ambiante.

Les conditions qui vont jouer sur l'équilibre thermique sont les phénomènes météorologiques comme la température extérieures, la vitesse du vent qui va modifier l'évaporation de même que le taux d'humidité, mais aussi des facteurs plus évidents comme les vêtements qui vont protéger du froid ou du chaud et permettre ou non l'évaporation de la sueur suivant qu'ils seront imperméables ou perméables.


C- L'Hypothermie

* Hypothermie légère: de 35 à 34°C,

* Hypothermie modérée: de 34 à 32°C,

* Hypothermie sévère: au dessous de 32°C.

En réalité, le seuil de gravité de l'hypothermie se situe aux alentours de 32°C.

Cela implique, et c'est le message essentiel de cette séance, que la prise de température corporelle par voie rectale (si possible) doit faire partie du bilan initial de toute urgence médicale. Il faut pour cela disposer d'un thermomètre spécial, capable de descendre jusqu'à 30°C.

On décrit deux types d'hypothermie: les hypothermies à "défenses maximales" pour lesquelles on a à l'origine une période de lutte, et les hypothermies à "défenses minimales" ou hypothermies secondaires avec atteinte initiale du système de régulation thermique.

Dans le premier cas, on trouve les alpinistes immobilisés ou en perdition, les naufragés, les victimes de noyade, les victimes d' AVP restées longtemps incarcérées, les personnes étant restées plusieurs heures immobilisées chez elles sur le sol en attendant les secours; c'est également le cas du SDF retrouvé au petit matin sur le trottoir, bien que dans ce cas, l'imprégnation éthylique possible en ferait une hypothermie à défenses minimales.
Dans le cas des hypothermies à défenses minimales, on trouve les intoxications médicamenteuses, de nombreuses causes de coma (accident vasculaire cérébral, insuffisance thyroïdienne, etc...). L'hypothermie est d'autant plus grave que le sujet est fragile (vieillard, nouveau-né).

* Hypothermie légère: malade conscient, frissonnant, peau pâle froide et horripilée, tension artérielle élevée.

* Hypothermie modérée: peau froide sèche parfois épaissie; cyanose des extrémités sans marbrures, frissons;
difficulté à parler, lenteur des mouvements volontaires, obnubilation.

* Hypothermie sévère: disparition du frisson qui fait place à une hypertonie diffuse, myosis, troubles de la conscience. Ensuite apparaît un véritable coma avec diminution de la fréquence cardiaque, de la fréquence ventilatoire et de la tension artérielle jusqu'à un état de mort apparente.

Cela crée un énorme problème sur le diagnostic de mort car face à une personne dont le corps est froid, dont le pouls est imprenable, en mydriase bilatérale, et avec une hypertonie diffuse, on peut avoir facilement tendance à penser qu'il s'agit d'un décès remontant à plusieurs heures avec rigidité cadavérique. Mais il peut s'agir d'une baisse de température qui a entraîné un arrêt cardiaque ou même un ralentissement de la fréquence cardiaque jusqu'à 1 à 2 battements par minute quasi imperceptibles. Il faut savoir que l'hypothermie a un rôle protecteur considérable et que des personnes ont été récupérées sans aucune séquelle après plusieurs dizaines de minutes en arrêt cardio respiratoire. Il faut donc être très prudent avant de contacter le médecin régulateur en disant qu'il s'agit d'un décès certain avec rigidité cadavérique.

En pratique, le transport d'une personne en hypothermie doit se faire par un moyen de transport médicalisé en fonction du degré d'hypothermie. La prise de température doit donc faire partie de tout bilan et un chiffre bas sans autre élément inquiétant peut être suffisant pour le départ d'une ambulance de réanimation. En attendant, il faut si possible soustraire la personne du froid, et l'envelopper de couvertures sèches; on pratiquera une oxygénothérapie systématique et on mettra la personne en PLS. Il faut également aspirer les mucosités au niveau des voies aériennes supérieures. La mobilisation se fera avec d'infinies précautions en raison du risque important de fibrillation ventriculaire (arrêt cardiaque) dont le pronostic est dans ce cas presque toujours mortel


D- L'hyperthermie

L'hyperthermie peut être due à des causes très diverses et la classique "fièvre" n'a à priori rien d'une détresse vitale sauf dans quelques cas bien précis. Nous verrons ici le coup de chaleur d'effort dont la fréquence et la gravité sont souvent sous-estimées.

Il faut tout d'abord distinguer le coup de chaleur classique du coup de chaleur d'effort; le coup de chaleur classique survient généralement chez des gens fragilisés ou déshydratés: c'est le cas des nourrissons laissés dans une voiture au soleil, de la personne obèse arrivant dans un club de vacances tropical. Le coup de chaleur d'effort survient chez des personnes en parfaite santé, souvent jeunes, au cours d'un effort musculaire intense et prolongé (course, marathon, marche commando). Le coup de chaleur d'effort peut survenir à des températures ambiantes peu élevées et se voit aussi fréquemment dans les compétitions sportives en hiver (Cross du Figaro par exemple!).

Le principe en est une élévation progressive de la température corporelle due au fait que l'élimination de la chaleur par l'évaporation de la sueur ne se fait plus. Les risques sont plus élevés si l'atmosphère est saturée en eau et si le coureur porte des vêtements imperméables à la transpiration. La chaleur produite par l'exercice musculaire va donc s'accumuler et le bilan thermique va devenir positif: gains >> pertes. La température va donc continuer à s'élever tant que durera l'effort physique.

Les signes qui doivent faire penser au coup de chaleur d'effort sont:

fatigue, maux de tête, vertiges, crampes, sueurs, obnubilation, délire agité, agressivité, convulsions, diminution de la tension artérielle, augmentation de la fréquence cardiaque, nausées, vomissements, et bien évidemment élévation de la température .

Il faudra donc dans toutes les circonstances où une personne présente une obnubilation et des sueurs suite à un effort physique prendre une température. (Risque mortel si T > 41,6°C)

La conduite à tenir consistera en la mise en condition avec un moyen médicalisé en cas d'hyperthermie sévère. En attendant il faut impérativement faire diminuer progressivement la température de la victime en la déshabillant au maximum, en la couvrant au besoin de linges humides et frais qu'on renouvelle régulièrement, en aérant au maximum l'ambulance.

L'hospitalisation de toute personne suspecte d'hyperthermie d'effort sera systématique à cause de la gravité: le nombre de décès est important, essentiellement parce que les premiers secours sur place prennent rarement la température et le diagnostic n'est pas fait suffisamment tôt.

Le risque est surtout important pour le foie et les reins et certaines personnes n'ont été sauvées que grâce à une greffe d'organe

C'est dire l'importance de ce trouble, et sa gravité fait que le contrôle de la température doit être fait de façon systématique au moindre doute.
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