Le point sur… l’école du feu suédoise

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Le point sur… l’école du feu suédoise

Nouveau messagede Fireserge33 » 27 Mar 2013, 09:18

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Focus sur un établissement d’exception, le collège de Revinge, appartenant à l’agence des urgences civiles suédoises, pour faire émerger les éléments de réponses. © Carlo Zaglia
La Suède représente l’excellence au service de la formation des soldats du feu. Comment arrivent-ils à ne déplorer qu’un mort au feu depuis 1996 et à éteindre un entrepôt de 2 000 m2 en flammes avec deux fourgons et une échelle ?


Défendant un pays d’une superficie de 20 % inférieure à la France et une population de 9 millions d’habitants, les sapeurs-pompiers suédois jouissent d’une réputation d’excellence quant à leurs compétences, notamment dans le domaine de la lutte contre les incendies. Ce modèle est, en effet, souvent cité, voire érigé en exemple, dans la profession. Les statistiques afférentes à l’accidentologie et aux décès en service commandé attestent, si besoin en est, ce postulat, de par leurs très faibles occurrences. Par ailleurs, des figures aujourd’hui célèbres du milieu, tels que John Taylor, ont pris l’attache des scandinaves dès les années 1990. À l’époque, ce rapprochement visait à partager leurs savoirs en matière de dynamique du feu, mais également à s’inspirer de leur savoir-faire spectaculaire dans ce combat face à la menace. Mais quels sont les ingrédients d’un tel succès ? Autrement dit, comment un pays comme la Suède, relativement discret dans la sphère internationale, fait-il pour façonner à ce point des hommes voués à en sauver d’autres, tout en garantissant les conditions d’efficacité et de sécurité indispensables à ce type d’opérations ? Pragmatisme, bon sens, efficience, tels sont les attributs qui s’appliquent pour exprimer la quintessence de la philosophie de formation suédoise. C’est cette logique qui prévaut lorsque le choix est fait de recourir aux meilleurs instructeurs pour intervenir à l’école. Ces derniers sont, en effet, triés sur le volet dans la mesure où leurs qualités humaines, de pédagogues ainsi que de professionnels du feu sont passées au crible et ont été reconnues avant une éventuelle prise de fonction. Cette stratégie permet au MSB College d’assurer la transmission d’un enseignement optimisé aux stagiaires, mais d’être également un pôle d’attraction compétitif vis-à-vis des éléments formateurs les plus compétents. Pour appuyer cette expérience de terrain, un partenariat privilégié avec des universitaires permet aux stagiaires de bénéficier des travaux d’étude ou de recherche dans le domaine de la dynamique du feu, mais également sur les aptitudes au commandement. « Il n’est ainsi pas rare, par exemple, de voir combiner une session de feu réel dans un caisson flashover avec un thermo-couplage lui-même relié à un ordinateur portable exploité par le scientifique, à des fins de débriefing », précise Stefan Svensson, docteur en ingénierie du feu, auteur de plusieurs ouvrages dans le domaine, et lui-même officier volontaire. L’apprenant découvre alors pourquoi il convient d’agir de la sorte et non pas seulement comment réagir… L’image de pointe renvoyée par l’institution de formation conduit à des comportements diamétralement opposés à ce que nous connaissons dans l’Hexagone : une jeune recrue, dès son intégration au centre de secours, « actualise » ainsi ses aînés sur les dernières techniques ou les enseignements les plus récents dont il a profité. On est bien loin du reformatage de circonstance qui prend trop souvent place dans les unités opérationnelles françaises une fois le stage de base effectué !
Le stage de base d’un sapeur-pompier volontaire en Suède s’étale sur une période de 13 à 15 semaines. Les futurs pompiers professionnels étudient, quant à eux, 2 ans, dont 6 mois immergés en centre de secours avant de prétendre à leur affectation définitive. « Le programme se décompose en cours magistraux, travaux pratiques dans des salles munies de paillasses, mises en situation opérationnelles "séquencées" pour répondre à un objectif particulier (refroidissement du ciel gazeux dans le simulateur rollovers à gaz par exemple) ou "globales", pour faire face à une situation dégradée dans son ensemble (traitement d’un feu de navire) », souligne Lasse Nelson, instructeur du collège. Un souci constant est porté à la rationalisation des hommes et des moyens usités pour traiter les opérations, à la fois dans le déroulé des exercices, mais également dans le cadre des formations au commandement qui sont dispensées aux futurs officiers. Les 16 000 SPV et SPP de Suède rapportés au nombre d’habitants invitent en effet à la modération dans l’engagement des moyens, et les stagiaires doivent y être sensibilisés le plus précocement possible. Ce qui signifie corrélativement que le niveau d’exigence par agent en termes de compétence est singulièrement accru et ce, quelque soit le statut.
« Fondé en 1986, le collège de Revinge est un établissement public, ce qui demeure la volonté affichée du gouvernement suédois, dans la mesure où beaucoup d’institutions étrangères plébiscitent ce statut, le préférant au privé, jugé onéreux et orienté dans ses choix d’enseignements », explique son directeur, Mats Ingleström. Cela n’empêche pas la vente d’enseignements, qui participe à hauteur de 55 % du budget total du centre de formation porté à 18,6 millions d’euros en 2011. L’État verse le capital restant dû. Monsieur Ingelström, ancien proviseur de lycée dûment sélectionné, dirige cet établissement qui compte 113 employés, dont 55 instructeurs. Soutiens essentiels des activités de formation, une zone d’hébergement de 175 chambres, une salle de restauration d’une capacité de 600 repas/jour, une médiathèque professionnelle, ainsi qu’un complexe sportif et de détente sont mis à la disposition des stagiaires. S’agissant des infrastructures d’enseignement, elles sont pléthoriques et adaptées à l’objectif pédagogique recherché. Chaque domaine d’activité de la compétence des services d’incendie et de secours suédois dispose ainsi de ses micro et macrostructures d’apprentissage, afin de respecter une logique de progression graduée, mais surtout de placer l’élève dans des conditions réelles de traitement d’un sinistre. Le cas de l’incendie est, une fois de plus, relevant : on découvre ébaubis sur le plateau technique des simulateurs d’embrasement généralisé éclair à double niveau, un générateur de rollovers à gaz, des caissons backdraft, des structures béton à plusieurs niveaux pour s’exercer à la ventilation opérationnelle, un pavillon dédié, entre autres, à la création d’exutoires, des structures modulaires tels qu’un garage, une station-service, ou encore un complexe industriel. L’aboutissement de cette culture de l’incendie reste incontestablement le laboratoire de feu, constitué d’un amphithéâtre duquel les élèves peuvent observer la dynamique d’un feu en développement libre dans l’une des deux salles sous verre.
Le matériel contribue également indéniablement à l’aisance des stagiaires pour tenir leurs futures fonctions en unités opérationnelles. Le principe retenu ici est, en effet, d’œuvrer à l’école avec les mêmes outils que ceux utilisés sur le théâtre de réelles opérations. Le petit matériel ne déroge pas à la règle, et ceci explique pourquoi une lance Cobra, en dépit de son prix élevé, est en dotation au collège de Revinge. Autres particularités : certains EPI, tels que les ARI, sont doublés : les premiers, rudimentaires mais néanmoins performants, servent à l’acquisition des fondamentaux tandis que les seconds, plus élaborés, accommodent le stagiaire aux matériels employés par les CIS. Dans le même esprit, le parc roulant du collège se fait fort d’être un panel représentatif des engins opérationnels. Ainsi, sur la trentaine d’engins présente dans la remise, des véhicules de dernières générations, tels qu’un fourgon incendie AutoKaross sur châssis Scania, côtoient des engins-pompes plus modestes, mais tout aussi fonctionnels. Il est d’ailleurs intéressant de constater que le dénominateur commun reste cette propension à favoriser les intérêts nationaux dans l’acquisition des moyens usités par l’institution. Enfin, fidèle à sa réputation de protection de la santé des travailleurs, le collège a équipé chaque travée d’un dispositif de récupération des gaz d’échappement, automatiquement mis en place au moyen d’un rail-guide.
Cette intelligence, mise au service de la formation des sapeurs-pompiers suédois, osons même le terme d’idiosyncrasie, s’avère être le terreau propice à l’acquisition de connaissances théoriques et pratiques solides, ainsi qu’au développement d’une compétence indiscutable. Cette performance formative se mesure aujourd’hui au travers de l’efficience des services d’incendie et de secours suédois sur le terrain. Et à ceux qui argueraient trop facilement d’un constat empirique, prenons le temps d’analyser le taux de décès en service commandé par an et par millions d’habitants de quelques pays pour en juger objectivement : en 2010, ces derniers étaient de 0.43, 0.3 et 0.067, respectivement aux États-Unis, en France et… en Suède.

© Joe Bluedevil
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