Hyperactive en uniforme de sapeur-pompier et maman attentive, le commandant Laurence Charrier revendique sa position de femme qui décide.
«Au départ, ce n’était pas du tout mon projet professionnel, je m’orientais plus vers le génie agricole ou vers une ferme pédagogique. Mais dans la vie, il faut savoir saisir les opportunités. » Quand elle se présente au concours d'officier, Laurence Charrier est déjà pompier volontaire depuis huit ans et titulaire d’une bac +5 en ingenierie agricole.
Être officier ? Pourquoi pas. Elle devient le capitaine Laurence Charrier. C’est l’histoire d’une occasion, celle d’entrer, en tant que gradée, chez les pompiers de l’Yonne.
Elle est affectée à la formation, à la prévision puis aux opérations. En 2002, elle atteint le grade de commandant. Nouvelles responsabilités. Elle devient responsable du groupement territorial centre. Toujours au Service départemental d’incendie et de secours de l’Yonne (SDIS), basé à Auxerre. Parce qu’en parallèle, Laurence Charrier mène sa vie de femme, et de maman.
Elle gère de front carrière professionnelle et vie privée
« Pour des raisons de confort, pour rester prêt de ma famille et pouvoir confier mes enfants à mes proches, je n’ai jamais voulu quitter l’Yonne, confie Laurence Charrier. Parce qu’entre mes astreintes et les gardes de mon mari, je sais que j’ai toujours quelqu’un sur qui compter en cas d’urgence. Ce poste, je l’ai voulu donc j’assume mais je n’oublie jamais que j’ai la logistique de la vie familiale à gérer. »
Mariée à un ancien sportif de haut niveau devenu, lui aussi, pompier professionnel, Laurence Charrier élève trois jeunes garçons, de 11, 10 et 5 ans. Avec sa petite famille, c’est ski de fond en hiver, vélo en été, course à pied quand elle trouve le temps. Avec en ligne de mire, pour ses fils, « l’apprentissage du respect, de l’investissement ».
Une fois l’uniforme passé, Laurence Charrier, qui pourrait aujourd’hui passer lieutenant-colonel, s’impose. Parce que même si la profession s’est féminisée, le milieu des sapeurs-pompiers reste très masculin.
« J’ai déjà eu à taper du poing sur la table pour me faire entendre »
« C’est effrayant, on sera toujours obligée de se battre. Sur de nombreux dossiers, je dois me justifier parce que je suis une femme. On me le demande souvent inconsciemment, je le prends avec humour mais parfois, ça m’énerve. J’ai déjà eu à taper du poing sur la table pour me faire entendre. »
Lors de ses astreintes, elle peut être amenée à diriger les opérations. Même si elle n’intervient pas directement sur le terrain, à distance, elle se plonge dans les secours.
« L’accident qui a fait cinq morts et de nombreux blessés lors du rallye de l’Yonne il y a quelques années m’a marqué, se rappelle-t-elle. Je n’étais pas encore mère de famille mais j’ai ressenti vraiment quelque chose de particulier quand j’ai su que parmi les blessés il y avait des enfants. »
Satisfaite d’avoir saisi sa chance et d’être entrée chez les pompiers, Laurence Charrier a « envie de continuer » mais ne cache pas que si « une autre opportunité se présente, je réfléchirai. J’aime ce que je fais, c’est très enrichissant mais je n’y suis pas attachée à vie. »