Secours en montagne : la Cour des comptes dénonce des rivalités qui coûtent cher

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Secours en montagne : la Cour des comptes dénonce des rivalités qui coûtent cher

Nouveau messagede Admin » 31 Dec 2012, 11:19

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Pompiers, gendarmes, CRS… La concurrence est pointée du doigt par la Cour des comptes (Photo T. S.)

C'est à la demande de la commission des finances de l'Assemblée nationale que la Cour des comptes s'est penchée sur le secours en montagne, qui représente entre 5 000 et 8 000 interventions par an en France, réalisées par trois services publics différents : la gendarmerie et ses PGHM (peloton de gendarmerie de haute montagne) et PGM (peloton de gendarmerie de montagne), la police et ses détachements de CRS, enfin, les pompiers et leurs GSMSP (groupe secours en montagne des sapeurs- pompiers). Un rapport dont se fait un large écho "Sud Ouest", aujourd'hui, dans son édition Béarn.

Les conseillers, qui viennent de publier leur rapport, n'ont pu établir son coût global, faute de « données fiables et exhaustives » des services départementaux d'incendie et de secours (Sdis), mais estiment à 61 millions d'euros celui du dispositif d'État (policiers et gendarmes), dont 31 % sont imputables à l'emploi d'hélicoptères pour embarquer les équipes. Ils chiffrent à 8 600 euros le coût moyen d'une intervention. Et surtout, pointent de nombreuses difficultés.

1. Des rivalités entre secouristes

Le problème de la concurrence entre gendarmes, CRS et pompiers revient en boucle dans la prose de la Cour des comptes. Car dans la plupart des départements de montagne, il n'y a pas un, mais plusieurs services appelés à intervenir.

Pour les Pyrénées-Atlantiques - l'un des six départements visités par les enquêteurs - les gendarmes du PGHM d'Oloron-Sainte-Marie et les pompiers du GSMSP64 se partagent la mission. Ailleurs, comme dans les Hautes-Pyrénées, ce sont les CRS et les gendarmes. Il arrive aussi que les trois services cohabitent, dans les Alpes par exemple.

Mais voilà, le grand amour est rarement au rendez-vous. « De réels conflits existent entre les acteurs, fondés sur des querelles de légitimité historique, technique et juridique », souligne le rapport, qui rappelle que l'entrée dans la danse des pompiers, à partir de la loi de modernisation de la Sécurité civile d'août 2004, a fait et continue de faire grincer des dents chez les gendarmes et CRS, dont les premières unités spécialisées ont vu le jour dans les années 1950.

Ces rivalités, alimentées par le prestige de ce type de secours exigeants et périlleux, ont pris « ces dernières années une ampleur particulière, notamment par le biais des médias ».

Un épisode cocasse remontant à 2009 l'illustre : après un reportage de TF1 sur un entraînement des pompiers en Vallée blanche, près de Chamonix (lieu d'implantation historique du PGHM), la gendarmerie avait répliqué en organisant, quelques mois plus tard, un entraînement médiatisé par la même chaîne dans les gorges du Verdon, zone d'intervention des pompiers… Pas terrible pour réchauffer l'ambiance !

Ces guéguerres ne datent pas d'hier et ont du mal à s'estomper, malgré l'entrée en vigueur d'une nouvelle circulaire ministérielle, en juin 2011, dont le but était pourtant de « rationaliser le dispositif existant et d'apaiser les conflits ».

Problème : son application « souffre de retards ». D'où la persistance de « dysfonctionnements qui, sans être généralement préjudiciables aux victimes, nuisent à l'efficacité des interventions ».

2. Des doublons inutiles et coûteux

Dans certains cas, cette compétition peut conduire à des doublons, les « services se disputant les interventions ». Comme dans les Alpes-Maritimes, où les pompiers ont la fâcheuse tendance à s'engager alors qu'ils ne sont pas intégrés dans le Plan départemental de secours en montagne.

Cette débauche de moyens a parfois pour cause une mauvaise organisation du traitement des alertes. Des couacs que le texte de 2011 espérait pourtant éradiquer en créant un numéro unique d'urgence, le 112.

L'appel de la victime atterrit chez les pompiers, au Codis, chargés de prévenir tous les services spécialisés (équipe de secours en montagne, Samu, base hélico). Mais la transmission n'est pas le fort de tout le monde…

Des pelotons de gendarmes continuent à promouvoir leur numéro de téléphone pour contourner les pompiers. Du coup, certains Codis refusent de transmettre directement les alertes aux PGHM. Etc, etc.

3. L'absence de logique de massif

Autre écueil soulevé par le rapport : la départementalisation du secours en montagne, dont l'organisation dépend des préfets. « Dans certains cas, cette logique ne paraît pas adaptée et ne permet pas toujours un emploi optimum des moyens aériens », soulève la Cour.

Elle étaye sa critique par l'étonnant dispositif à l'œuvre dans les Pyrénées-Atlantiques et les Hautes-Pyrénées, en période estivale. Normalement basé à Pau, l'hélicoptère de la Sécurité civile Dragon 64 est détaché à Gavarnie, dans les Hautes-Pyrénées, pour les semaines de permanence des CRS de Lannemezan, tandis qu'un appareil de la gendarmerie assure depuis Tarbes les besoins du Béarn, le PGHM d'Oloron étant alors d'astreinte.

Conséquence des incohérences du primat de la logique départementale : « lorsqu'une intervention est déclenchée dans l'est béarnais [là où l'activité des secours est la plus importante en été, précise le rapport], l'hélico de Tarbes intervient avec une rotation par Oloron qui entraîne un délai incompressible de 40 minutes », alors que six minutes suffiraient depuis Gavarnie !

Des détours qui ne sont fantastiques ni pour les victimes, ni pour les deniers publics, le coût moyen d'une heure d'hélicoptère étant évalué à un peu plus de 3 600 euros. Et quand on sait qu'ils sont utilisés dans deux tiers des secours en montagne, on ne peut que « s'interroger sur ce chassé-croisé », comme le fait la cour.

Pour y remédier, elle préconise « une approche interdépartementale », qui s'inscrive dans « une logique de massif », et appelle les préfets à « veiller à la plus grande cohérence de l'emploi des moyens humains et matériels ».

Un point qui figure parmi les conclusions générales du rapport, comme la nécessité de rapprocher les formations des différents acteurs. « Un préalable important à une meilleure coordination entre services », sur lequel planche un groupe de travail depuis plusieurs mois. Sa mission : en finir avec les guerres de clocher !

Source : la Montagne
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