Ils les appellent les « hyménoptères », selon leur nom scientifique, et ne veulent plus en entendre parler. Depuis le début de l'année, le Service départemental d'incendie et de secours (Sdis) des Pyrénées-Atlantiques n'assure plus les interventions sur les nids d'hyménoptères, autrement dit les guêpes, les abeilles et autres frelons.
Mais la chose ne s'est fait remarquer que tout récemment, au retour des beaux jours, et des appels de propriétaires angoissés par des nids de guêpes au 18, le numéro d'urgence des pompiers. Certains particuliers ont du mal à comprendre la démarche, et les pompiers du standard du 18 sont donc obligés de faire preuve de pédagogie.
« Nous leur expliquons que nous ne pouvons plus assurer cette tâche, et nous les renvoyons vers des sociétés privées qui sont spécialisées. On dit également aux correspondants que, parfois, il vaut mieux ne pas détruire les nids. Car les guêpes ont aussi leur utilité », explique le capitaine Oliny, qui dirige le centre de traitement des appels des pompiers.
Les maires pas contents
S'il paraît anecdotique, le phénomène n'est pas négligeable. L'an passé, par exemple, les pompiers ont réalisé 3 200 interventions liées aux hyménoptères dans les Pyrénées-Atlantiques. À tel point que la décision du Sdis survenue à la fin de l'année dernière a provoqué une levée de boucliers des maires. Leur union départementale demandant même à la présidente Josy Poueyto de retirer la délibération. Mais la décision est définitive.
Depuis, « il ne se passe pas un jour sans que nous recevions un maire à ce sujet », reconnaît le lieutenant-colonel François Gros, directeur opérationnel du Sdis 64. Alors il faut expliquer à nouveau combien ces interventions, qui ont longtemps été assurées par les pompiers, sont dévoreuses en temps et en hommes. « Le traitement des hyménoptères fait partie de nos missions secondaires. Mais nos missions principales d'urgence sont en augmentation et grèvent déjà le budget. Le personnel que l'on emploie sur les nids de guêpes n'est pas ailleurs. Il ne faudrait pas qu'un jour nous soyons pris en défaut d'organisation », explique le colonel Gros.
Concurrence déloyale
Depuis des années déjà , les pompiers se sont peu à peu retirés de ces missions qui ne relèvent pas de l'urgence. Ils n'interviennent plus systématiquement pour les ascenseurs bloqués, par exemple, et se sont mis d'accord avec les sociétés spécialisées pour facturer leurs interventions en cas d'absence d'un réparateur.
La destruction des nids était aussi facturée aux particuliers, à hauteur de 60 euros, « ce qui créait une concurrence déloyale vis-à -vis des sociétés privées ». Car aujourd'hui, le forfait pour un nid de frelons asiatiques est plutôt dans les environs de 100 euros. Et encore, le devis concerne les interventions les plus simples. L'emploi de nacelles, par exemple, peut plomber la note.
De son côté, le Sdis prévient qu'il n'interviendra qu'en cas de carence du secteur privé dans le domaine. Une décision qui n'a rien d'exceptionnel, puisque d'autres départements l'appliquent déjà depuis plusieurs années.