Melun, hier. Le secrétaire général, Chahouch Abdellah (à gauche) et le trésorier, Fréderic Pierre (à droite) de la jeune cellule CGT viennent de faire condamner le Sdis 77 pour entrave à la liberté syndicale. le 13.04.2011
Liberté syndicale : le SDIS 77 condamné
La justice a donné tort à la direction départementale des pompiers.Celle-ci avait empêché des membres de la CGT de se réunir sur leur temps de travail.
« On ne pratique pas d’entrave au droit syndical », assure la direction des pompiers de Seine-et-Marne. Ce n’est pas franchement l’avis du tribunal administratif de Melun. Saisie en urgence, la juridiction vient de donner raison à cinq soldats du feu qui se sont vu refuser des « autorisations spéciales d’absences ». Ces heures permettent aux élus du personnel d’assister aux congrès et aux réunions de leurs organisations.
Le magistrat a estimé que le service départemental d’incendie et de secours (Sdis) de Seine-et-Marne avait « porté à la liberté syndicale une atteinte grave et manifestement illégale ».
Issus des casernes de Dammarie-les-Lys, Provins et Moissy-Cramayel, ces cinq sapeurs-pompiers ont créé en novembre une section CGT départementale. Dès la constitution du bureau, les premières étincelles apparaissent. « Ces autorisations d’absences nous ont toujours été refusées », affirme Fréderic Pierre, le trésorier. « Ils ont même tenté de nous faire signer un protocole qui régit l’activité syndicale au sein du Sdis. Les autres organisations l’ont paraphé. Mais, pour nous, c’est contraire à notre indépendance. Lorsque j’ai mon casque de pompier, j’obéis sans discuter à ma hiérarchie. Quand je suis secrétaire général de la section CGT, ce n’est pas à la direction d’imposer sa loi », martèle Chahouch Abdellah.
Le tribunal a donc tranché dans leur sens en imposant à la direction de délivrer des autorisations d’absences. Cette décision ne s’applique toutefois qu’à une seule réunion. Or, d’autres demandes sont en attente. Si le silence perdure, les pompiers envisagent de lancer de nouvelles procédures judiciaires.
Cinq syndicats sont représentés au Sdis 77
« Nous ne mettrons jamais en péril les casernes. Mais il est important d’avoir un contre-pouvoir, une alternative à une hiérarchie parfois narcissique. En termes d’avancements, de respect de la personne, les abus sont nombreux », assure Chahouch Abdellah, rompu à l’exercice pour avoir passé plusieurs années au Syndicat autonome.
La direction, de son côté, affirme qu’il ne s’agit que d’une divergence sur la forme. « Concrètement, les hommes se sont autoconvoqués à une réunion de travail en se donnant leur propres règles du jeu. Encore une fois, nous ne voulons pas les empêcher d’exercer, nous contestons simplement le caractère départemental de leur section. » Cinq syndicats — Force ouvrière, le Syndicat autonome, la CFTC, Secours Avenir et désormais la CGT — sont représentés au Sdis 77. Certains se disent d’ailleurs étonnés de cette condamnation. « Les relations sont en général bonne, nos desiderata sont pris en compte et nos autorisations spéciales d’absences acceptées. Il y a dû avoir une mauvaise interprétation », assure-t-on chez FO et au syndicat autonome.
